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Association La Clède - 8-10 Avenue Marcel Cachin - 30100 Alès

"Rochebelle est une mosaïque !" Quand le quartier populaire d’Alès devient sujet d’étude pour des spécialistes

 

Coordonné par Flavia Pertuso, docteure en Aménagement et urbanisme, le second atelier “Que veut dire habiter Rochebelle” offre un regard neuf sur un quartier alésien mal aimé.

Que veut dire habiter Rochebelle ? Y résider ? Une réponse trop austère pour la chercheuse Flavia Pertuso (1) coordinatrice d’une résidence ethnographique portée par une douzaine d’étudiants au sein du faubourg. Un second “workshop” sous l’égide du laboratoire “architecture anthropologie” du CNRS à Paris-la-Villette, du 30 mai au 6 juin, restitué récemment sous la forme d’un coffret de 20 cartes postales baptisé “Tenir les murs”.

Rochebelle est comme une mosaïque avec des figures fortes et des micros habitats, comme le bar de Bimbo, dans un quartier pointilliste

Ange, Lucille, Léa, Leila, Amélie, Michel et pitchoun… Le recueil de témoignages anonymisés, ainsi que d’observations sur la vie dans ce quartier d’Alès, dévoilent alors un tout autre tableau. Structuré selon quatre thématiques “Réguler”, “S’entendre”, “Prendre la parole” ou “Employer le temps”, les confidences de Rochebellois (es) dessinent plusieurs constats dont Flavia Pertuso souligne trois axes majeurs : comme ailleurs, une fragmentation ou hétérogénéité dans la vision du quartier, autrement dit “Rochebelle n’existe pas”, le poids des normes au sujet de l’action sociale qui prive ses travailleurs de temps d’initiative mais également la faiblesse du plus rudimentaire des contacts sociaux qui permettrait de vider de ses peurs les projections sur l’autre, la jeunesse précisément.

"Rochebelle est comme une mosaïque avec des figures fortes et des micros habitats, comme le bar de Bimbo, dans un quartier pointilliste, détaille Flavia Pertuso…. Ensuite, il y a eu un débat sur le fait de juste dire bonjour, un geste très puissant qui permet de créer un lien, puis la question des normes dont notre lecture critique a été favorablement accueillie par la Clède. Reporting, mesure, pratique, cadre… Ces demandes structurent leurs actions mais ils en oublient l’essence du travail : parler aux gens. Enfin, l’image finale “Tenir les murs” se réfère au travail d’un artiste franco-algérien Djamel Tata. Des ces jeunes qui tiennent les murs, dans une dimension politique, mais aussi dans le sens littéraire, qui demande à chacun une énergie surdimensionnée pour faire vivre le quartier."

Au fil de la vingtaine de témoignages se lisent les attentes, les peurs et les joies de vivre dans ce quartier mal aimé. Sans angélisme, les problèmes sont évoqués (voisinage, incivilité, paupérisation, hygiène). C’est donc de la difficulté à vivre sous le sceau du quartier malfamé, ce qui suscite parfois le désarroi, que se façonne un quotidien tissé de solidarité, d’entraide, de débrouille.

Il n’est pas possible de raconter le récit de vies sauvées par l’action sociale pour des personnes invisibilisées !

"Si la pauvreté est une baffe" pour Cécile, la maison d’Ange est l’incarnation de l’hospitalité, face à l’épicerie du bas faubourg, deux jeunes ramassent des poubelles ou encore des gamins de l’IME rendent visite aux pensionnaires de l’Ehpad… Une autre lecture car "le rôle de la recherche est de fournir des éléments qu’on a le luxe d’aller voir avec un regard naïf, au sens noble du terme, qui doivent nourrir ceux qui prennent des décisions" poursuit Flavia Pertuso.

Des décisions politiques passées sous les fourches caudines d’une "approche gestionnaire qui vient de ce rapport au monde où tout doit être mesuré, évalué, optimisé et ce dans un temps court. Mais il n’est pas possible de raconter le récit de vies qui sont sauvées par l’action sociale pour des personnes invisibilisées ! Mais une Cantine solidaire, par exemple, n’a pas vocation à être rentable. C’est un choix politique !"

(1) Le recueil de textes est disponible auprès du centre social Les bancs publics, avenue du Capitaine Albert, à Alès (04 30 38 02 75). Le laboratoire architecture ville urbanisme environnement (LAVUE) est une unité de recherche de sciences humaines et sociales pluridisciplinaire portant sur l’urbain. La précédente résidence ethnographique, en 2024, posait la question « Qu’apprend-on de Rochebelle ? ».

Flavia Pertuso, avec Bimbo, gérant du café l’Ermitage, le 8 juillet.

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